n°56, Vie Quotidienne

La chirurgie passe au fluo


Repérer les tumeurs nécessitait de recourir à des marqueurs radioactifs. La start-up Fluoptics y remédie avec un traceur fluorescent. Surtout, sa technologie apporte une grande précision en cours d’intervention lors d’opérations ouvertes. Une première.

Imagerie de fluorescence de la sonde Fluobeame. © Fluoptics

Pour traiter le cancer, l’intervention chirurgicale se positionne aujourd’hui comme la méthode la plus efficace devant la radiothérapie et la chimiothérapie. Le chirurgien procède à l’ablation des cellules cancéreuses tout en se fiant exclusivement à sa vue, aux radiographies ainsi qu’à son sens du toucher. Reste que la réussite de son intervention peut être compromise par la découverte de tumeurs qui n’ont pas été détectées à la radiographie.

Tumeur fluorescente. Forte de ce constat, la start-up grenobloise Fluoptics innove en mettant la technologie des marqueurs au service de la chirurgie. En cours de développement depuis 2009, son procédé repose d’abord sur un traceur fluorescent le  »Fluostamp », un marqueur non radioactif qui cible spécifiquement les tumeurs. Une fois injecté dans le corps du patient, il émet un signal infrarouge. Les tumeurs sont alors visualisées en temps réel au moyen d’un système d’imagerie baptisé  »Fluobeam ». Plus précisément, il s’agit d’une sonde portative qui renferme une caméra vidéo, un laser qui sert à exciter les molécules du Fluostamp, des filtres dans le proche infrarouge pour détecter et visualiser de très faibles signaux fluorescents et enfin des LED (Light Emission Diode) pour éclairer le champ opératoire. A l’aide de ce dispositif, le chirurgien va donc visualiser directement sur son écran les cellules tumorales révélées par la fluorescence. Voire même les métastases non visibles à l’œil nu (jusqu’à 300 microns). « Avec l’imagerie par fluorescence, on visualise les tumeurs en temps réel de façon extrêmement précise. Cela facilite la chirurgie de précision », indique Odile Allard, PDG de Fluoptics.

Odile Allard, PDG de Fluoptics. © Fluoptics

Trois pôles de compétitivité. Actuellement en phase de finalisation, le projet Fluobeam a été co-labellisé par les pôles de compétitivité Minalogic, Medicen PR et Lyonbiopôle. Il bénéficie d’une aide de 3,2 millions d’euros. Le premier prototype verra le jour en 2013 et son application est prévue pour 2014. « La fluorescence devrait être au cœur de la chirurgie pour les 20 prochaines années », assure le PDG de Fluoptics qui est une start-up du CEA. Sa technologie est issue des travaux du CEA-LETI, de l’Université Joseph Fourier et de l’Inserm. Avec 250.000 opérations de chirurgie cancéreuse réalisées chaque année, cette technologie a de l’avenir d’autant que son coût est au moins 10 fois inférieur à celui des systèmes classiques d’imagerie moléculaire cliniques (PET, IRM).

© Florian Kuan

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